Notre vision de l'agriculture

Ferme de polyculture-élevage en agriculture biodynamique

Si on s’interroge sur la raison d’être du paysan, on arrive vite à considérer ses missions.

Ce qui vient immédiatement à l’esprit, c’est que la première d’entre elle est de se nourrir et de nourrir ses semblables. Depuis que l’être humain a abandonné le mode de vie chasseur-cueilleur, sa relation avec la nature est passée du prélèvement à un mode d’organisation des éléments naturels, ouvrant la voie à l’élevage et à la culture des plantes. Cette évolution est la base matérielle de la plupart des sociétés traditionnelles ; c’est aussi très souvent une de leur base culturelle.

La recherche de l’autosuffisance alimentaire a ainsi été pendant des siècles la quête des paysans en dépit des aléas climatiques et des conflits humains. Ceci était encore le cas chez nous il y a moins de 70 ans. Les deux guerres mondiales du XXème siècle ont profondément bouleversé le monde paysan occidental et les besoins en main d’œuvre pour développer la société industrielle n’ont fait qu’accentuer la disparition des paysans. Dans ce contexte, l’autonomie alimentaire n’a été atteinte qu’au prix de la profonde mutation qu’est l’agriculture industrielle. Mais dans les années 1970, l’élan ainsi pris a dépassé les objectifs de « l’autosuffisance alimentaire au moindre coût » : la marchandise agricole est alors devenue la base d’un business comme un autre. La recherche effrénée de profits dans ce domaine n’a fait que rendre de plus en plus évidents les impacts négatifs du modèle agricole industriel tant sur le plan de la santé que sur celui de l’environnement.

Ces impacts négatifs sont également considérables d’un point de vue humain et social. La précarité d’un nombre important d’actifs agricoles et le désespoir qui fait de cette catégorie sociale la première en termes de suicides doivent nous interroger non seulement sur le modèle économique sous-jacent mais aussi sur le besoin de reconnaissance et de dignité du monde paysan.

La ferme qui a été longtemps la cellule de base de l’organisation sociale, peut redevenir le point de départ de nouvelles sociabilités par les multiples formes d’accueil qu’elle peut proposer. Elle est aussi à même de constituer un réservoir d’emploi considérable pour peu qu’on reconsidère ses buts et ses moyens. Parmi ces derniers, la problématique de l’accès au foncier est d’autant plus centrale que les conflits sur les usages du sol s’accentuent. Pour ces multiples raisons, l’agriculture reste un élément central de l’aménagement du territoire.

Ainsi, si la mission première du paysan est de nourrir, la façon d’y parvenir ne doit pas être indifférente à la société mais doit au contraire inclure des objectifs sociaux et des impératifs de qualité en matière de santé et de protection de l’environnement. Car le paysan se révèle être un acteur majeur du maintien de la biodiversité et de la lutte contre le dérèglement climatique. Sa vision et ses choix techniques ont un impact direct sur la fertilité des sols, base de toute vie, sur la gestion de l’eau et sur sa qualité ainsi que sur la pureté de l’air et l’harmonie des paysages.

On le voit, les enjeux autour de l’agriculture contemporaine sont nombreux. Les différents mouvements se reconnaissant dans ce qu’on appelle « l’agriculture paysanne » s’approprient ces grandes questions de société et formulent déjà des propositions. Par nature, le paysan est un aménageur : il doit développer une vision globale et œuvrer pour le temps long. La compréhension que la ferme est un agro-écosystème dans lequel il faut travailler avec la nature et non contre elle, et avec une recherche constante d’autonomie, permet d’expérimenter ce qu’est réellement le développement durable. Cette expérimentation doit à l’avenir inspirer l’ensemble des activités humaines. 

Toutes ces considérations permettent de réactualiser les raisons d’être du paysan ; elles nous conduisent à nous interroger ensemble sur le rapport de l’être humain à la nature, à l’alimentation et à la santé mais aussi au travail, à la technique, à l’échange et à la culture. Ces raisons d’être doivent devenir le fondement d’un nouveau pacte entre la société et le monde paysan, lui procurant une reconnaissance légitime et lui permettant d’exprimer sa dignité.

Dès son arrivée à Trasrieux, l’équipe du GAEC s’est engagée dans ce renouveau.

Par le choix de la biodynamie et l’idée d’organisme agricole qui en est le cœur, notre équipe a développé un écosystème agricole diversifié qui permet de produire une large gamme d’aliments de haute qualité tout en prenant en compte l’environnement dans ses multiples aspects.

En optant pour la vente directe, porteuse de plus-value économique, elle privilégie le lien avec le consommateur et s’engage en faveur du développement local.

A travers une organisation collective de type coopératif où chacun apporte sa richesse, c’est aussi un projet social exigeant, fort et dynamique ; 4 associés et en moyenne sur l’année 7.5 équivalent temps plein soit 15 fois plus qu’une ferme de même surface de la région. Cette richesse humaine facilite différentes formes d’accueil sur la ferme et permet de porter une dimension culturelle au sens large.